Pour faire suite à l’article sur l’alimentation du chien, voici le pendant, chez le chat ! Bien sur, je ne vais pas reparler des critères pour choisir ses croquettes, car ce sont les mêmes. La seule différence, c’est que le chat a un besoin protéique encore plus élevé que le chien (5,2g/kg) ; faites donc très attention au moment du choix.

Mon chat peut-t-il manger végétarien ?

Contrairement au chien, le chat est un carnivore stricte, son alimentation doit être essentiellement à base de viande. Sa capacité à digérer l’amidon est nettement inférieure à celle du chien. En effet, même une fois domestiqué, le chat a continué à se nourrir de souris et pendant longtemps cela a même fait partie de son rôle (et continue encore de l’être dans les fermes). Une souris est composée de 70% d’eau, de protéines assimilables (tous les muscles), de peau et poils (rôle de fibres),d’un cerveau et de yeux riches en acide gras essentiels, d’un foie riche en vitamine A,E et d’os, riches en minéraux. Ainsi, dans une souris, il y a tout ce qu’il faut pour nourrir et entretenir un chat ! Et tout ça, sans amidon.

Le chat utilise ses protéines pour deux raisons : pour un besoin énergétique afin de les transformer en énergie et pour un besoin structurel dans la fabrication des tissus. En contre-exemple, l’homme utilise principalement les graisses et les glucides pour la fabrication de l’énergie, et les protéines pour les besoins structurels. Le chat est donc un grand consommateur de protéines et ne peut pas les stocker sur du long terme : si il n’en a plus assez pour fabriquer de l’énergie, il utilisera les protéines de ses tissus et perdra en masse maigre.

Le chat possède un tube digestif court et une digestion rapide. La cellulose n’est que faiblement digérée. L’enzyme servant à digérer l’amidon, l’amylase pancréatique est 60 fois moins performante que celle du chien. De plus l’absorption intestinale du glucose est beaucoup moins efficace, et en cas d’excès glucidique, cela conduit à des fermentations anormales entrainant des selles liquides.

Le régime hypercarnivore du chat a également entrainé la perte des voies de synthèses et de conversion de composés abondants dans son régime : taurine, arginine, vitamine A, acide arachidonique. Ces composés se trouvent essentiellement dans la viande et les abats. Le chat a également perdu sa capacité à détoxifier des principes actifs phénoliques que l’on retrouve dans les fruits et les baies.

Toutes ses raisons physiologiques font qu’un régime végétarien serait complètement mortel pour l’espèce féline ! Ne fait surtout pas cette erreur !

 

Mon chat est difficile, que faire ?

De manière générale, le chat est réputé difficile, et affiche des préférences alimentaires fortes et persistantes. Cependant, certains chat sont adeptes de la nouveauté, d’autres mangent de tout, et certains finissent par se lasser d’un aliment au bout d’un moment.

Certaines conditions de distributions alimentaires sont anxiogènes pour le chat et le conduisent à devenir difficile. En général les chats d’extérieur sont plus souvent néophiles, tandis que les chats d’intérieur sont néophobes. En vieillissant, le chat devient de plus en plus difficile.

Pour faire accepter un nouvel aliment à un chat, il convient que cet aliment soit appétent et présenté de nombreuses fois (jusqu’à 10 fois)  à côté de la ration habituelle. On ne peut conclure que si un chat refuse dix jours de suite le nouvel aliment.

Il est également important de présenter une alimentation variée aux chatons, afin de prévenir la néophobie.

Enfin, globalement les chats ont des préférences alimentaires : ils aiment le poisson (thon, saumon) et les produits carnés ( foie et viande de volaille), les graisses animales (graisse de volaille et saindoux), l’acidité, l’humidité faible (> 10%) ou forte (>70%) et certains gouts particuliers comme les olives, le caramel, la levure de Bière.

Attention, le chat présente une aversion naturelle pour la viande avariée et pour le rancissement des graisses. Le chat est également très sensible à l’amertume ! Le chat n’aime pas non plus se salir les moustaches, il faut donc privilégier les morceaux faciles à saisir et éviter les miettes de fin de paquet.

Mon chat doit-il ne manger que des croquettes ?

Une idée reçue est qu’il faut éviter de mélanger alimentation humide (patée) et alimentation sèche (croquettes).

On l’a vu çi dessus, dans la nature le chat mange essentiellement des proies. Ces proies sont majoritairement composées d’eau. Or les croquettes, même de qualité, contiennent très peu d’eau (10% seulement) et le chat est naturellement un petit buveur, car dans la nature ses proies lui apportent suffisamment d’eau.

La pratique du mix-feeding qui consistent à apporter une partie de la ration quotidienne sous forme d’alimentation humide, permet de d’augmenter le volume de la ration, de diluer l’apport énergétique, d’apporter de l’humidité et de réduire la teneur en amidon. C’est donc une excellente pratique !

Ainsi « un chat mangeant une alimentation en partie humide sera plus rassasié, mieux hydraté, il bougera plus et aura des urines plus diluées, ce qui contribuera à prévenir le surpoids et les affections urinaires », dit le Docteur vétérinaire Charlotte Devaux, dans son livre Croquettes ou Patée.

Mon chat doit-il manger à volonté ?

Dans la nature le chat mange une dizaine de petites proies au cours de la journée. Sa prise alimentaire dans une certaine mesure s’adapte à son besoin énergétique du moment. Cependant, certaines conditions mettent à mal cette capacité d’autorégulation :

  • Une alimentation avec un taux lipidique supérieur à 20% : en effet, un aliment gras est très appétant et peu rassasiant pour le chat, ceci induit une surconsommation alimentaire.
  • Une alimentation trop pauvre en protéines de bonne qualité : le chat va essayer de compenser en surconsommant.
  • Si le milieu est anxiogène, le chat peut souffrir de stress chronique et devenir boulimique.
  • Si l’animal est stérilisé : en effet la stérilisation diminue à la fois le besoin énergétique et diminue la sensibilité du chat à la cholécystokinine (hormone de la satiété) ce qui augmente l’appétit et réduit la capacité d’autorégulation.

Pour toutes ses raisons, il convient d’être très vigilant si l’on souhaite ne pas restreindre son chat. Il faudra donner un aliment pas trop appétant et hypocalorique  et surveiller que le chat ne fasse pas de surconsommation.  L’autre solution plus pratique, est de calculer une dose quotidienne et de la distribuer en 4 ou 5 repas au cours de la journée.

Mon chat est insuffisant rénal, que doit-il manger ?

L’idée commune est qu’un insuffisant rénal doit restreindre sa consommation en  protéines afin de préserver le tissu rénal fonctionnel restant. Ceci n’est pas vrai pour le chat (mais vrai pour l’homme). En effet, un chat insuffisant rénal a un besoin protéique supérieur à un chat en bonne santé car l’insuffisance rénale augmente la néoglucogénèse et le catabolisme protéique, ce qui provoque une amyotrophie et une hypoalbuminémie.  De plus, chez le chat âgé, la digestion des protéines est moins efficace et induit une perte intestinale. La protéinurie associée à l’insuffisance rénale induit également une perte de protéines. Un chat insuffisant rénal a donc besoin d’un aliment riche en protéines de bonne qualité. La plupart des chats insuffisants rénaux meurent non pas de leur insuffisance rénale mais de la cachexie que celle-ci induit. On choisira donc de réduire les protéines seulement en cas de crise urémique afin de réduire l’accumulation des déchets azotés et de préserver la masse maigre  pour éviter la cachexie.

La vraie restriction s’effectue pour le phosphore : en effet, l’hyperphosphatémie entraine des calcifications rénales qui vont aggraver le dysfonctionnement des reins. Il conviendra donc de choisir une alimentation industrielle riche en protéines mais pauvre en phosphore (inférieur à 0,7%), ou encore mieux, une ration ménagère avec un complément minéral sans phosphore. Enfin, un apport en oméga 3 sera également intéressant pour le coté anti-inflammatoire : choisi un rapport oméga 6/3 < 4 ou complémente avec une capsule d’AGEPI oméga 3 un jour sur deux.

 

En conclusion, si tu dois retenir une chose de cet article, c’est que le chat est un hypercarnivore et de ce fait a besoin d’un aliment hyperprotéique ! Alors s’il te plait, évite absolument les croquettes de grande surface qui sont destinée plus à des poules qu’à des chats,  et fait attention à ce que tu achètes ailleurs ! Si tu en as le courage, une ration ménagère bien complémentée sera la meilleure alimentation possible pour ton félin préféré.


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